OGM - Au pays du génome, deux résistances valent mieux qu'une
12/11/2003 - 19h01 (FR)

T. Quéguiner

 

Des chercheurs américains et australiens viennent de démontrer dans la revueNature Biotechnology, que la combinaison de deux transgènes permettait de mieux anticiper l'apparition d'insecte résistant aux insecticides. Pour Olivier le Gall de l'Institut national de la recherche agronomique (Inra), «cela vérifie par la pratique ce qu'on savait déjà depuis de nombreuses années par le calcul».

Les chercheurs ont étudié pour cela un système constitué de plants de brocolis génétiquement modifiés exprimant deux gènes dérivés de Bt, Cry1Ac et Cry1C. Ces plantes ont été mises en contact avec des insectes nuisibles s'avérant soit sensibles aux deux toxines, soit résistants à l'une ou à l'autre, soit résistants aux deux ­ ces gènes de résistance étant présents avec une fréquence relativement élevée (0,1 et 0,2) dans la population d'insectes. Après 24 générations de sélection, l'émergence d'une résistance à l'égard des plantes pourvues de deux gènes Cry1Ac et Cry1C s'avère largement retardée par rapport aux plantes ne contenant qu'un gène (9ème génération).

« Cette étude vérifie par la pratique ce qu'on savait déjà depuis de nombreuses années par le calcul », souligne Olivier le Gall, chercheur en virologie végétale à l'Institut nationale de la recherche agronomique (INRA) de Bordeaux. « Vous savez, c'est comme pour un match de rugby », explique le scientifique. « Il est relativement facile pour un ailier d'esquiver un défenseur. Mais deux, c'est presque impossible. » Ces conclusions pourraient bien s'avérer un argument de taille pour les partisans des OGM. Néanmoins, « on n'a encore jamais assisté dans des champs de cultures génétiquement modifiées à de telles résistances chez des insectes », précise Olivier le Gall. « Mais si cela devait se produire, on n'aurait plus qu'à réutiliser l'insecticide. Ça serait alors un vrai retour en arrière. »

Source : © Milfeuille Presse Thomas Quéguiner