L'essentiel : "Il est primordial que nous continuions la recherche en France dans tous les domaines. Les biotechnologies et la transgénèse sont un outil majeur dont on ne peut se passer", a dit Claudie Haigneré, ministre délégué à la Recherche et aux Nouvelles technologies, dans une interview tout récemment accordée au Figaro. Et de préciser sa pensée : "C'est pourquoi les événements de cet été [destructions de champs d'essais d'OGM] nous ont beaucoup inquiétés. Les risques d'appauvrissement technologique de l'Europe et de délocalisation sont réels. Nous allons donc écouter les demandes des chercheurs, tenter de les rassurer et réfléchir ensemble à des solutions. L'intervention des forces de l'ordre n'est pas exclue, au moins temporairement, en mettant en place par exemple des patrouilles de surveillance autour des champs sensibles".
La source : interview intitulée "Claudie Haigneré : Le consommateur va conserver son libre choix", propos recueillis par F.G. [Feryel Gadhoum] et publiés dans le quotidien Le Figaro daté du samedi 25 octobre 2003, page 10 (rubrique Sciences et Médecine).
Plus en détail : l'interview de Claudie Haigneré est insérée dans une quasi-pleine page du Figaro consacrée à la levée du moratoire européen sur les organismes génétiquement modifiés (OGM) mis en place en juin 1999. L'information est annoncée en gros caractères à la "une" du journal sous le titre :"L'Europe ouvre la porte aux OGM". On y apprend que "deux règlements instituant la traçabilité et l'étiquetage des OGM ont été publiés (...) dans le Journal officielde l'Union européenne" et que "cette publication va amener, le 7 novembre, la levée de ce que l'on a appelé un peu abusivement un moratoire". Que faut-il en attendre ? interroge le journaliste Marc Mennessier, auteur de l'article principal. "Rien de bien spectaculaire, si ce n'est que la Commission européenne va reprendre l'instruction de la trentaine de dossiers (maïs, soja, colza, betterave, pomme de terre,...) bloqués pour certains depuis quatre ans". Par ailleurs, de nouveaux OGM comme le maïs BT 11 de Syngenta, pourraient être autorisés "en novembre ou décembre" selon un porte-parole de la Commission.
Commentaire du Figaro : "Vu la réticence des associations de consommateurs et la prudence des agriculteurs, il ne faut pas s'attendre, du moins dans l'immédiat, à un raz-de-marée transgénique sur le Vieux Continent".
A propos précisément de l'hostilité des consommateurs, Claudie Haigneré explique dans Le Figaro : "Il est vrai qu'actuellement 70% des personnes interrogées ne souhaitent pas d'OGM dans leur assiette. Cela pourrait changer. C'est à nous d'expliquer les enjeux et les bénéfices potentiels de ces technologies tout en rassurant les consommateurs. La législation européenne, telle que la France l'a voulue, est suffisamment contraignante et précise pour que les risques soient limités au maximum. De plus, grâce aux procédures de traçabilité des produits et d'étiquetage, le consommateur va conserver son libre choix. En attendant, tout doit être fait en toute transparence pour dissiper les craintes et les doutes de nos concitoyens".
Et à propos de la directive relative à la dissémination volontaire d'OGM dans l'environnement, toujours Claudie Haigneré : "Il est vrai que nous avons pris du retard, notamment en raison des difficultés concernant les modalités de diffusion des informations. Il nous faut trouver un compromis raisonnable entre la transparence requise à l'égard du public et la nécessaire protection des travaux en champ des scientifiques (...). La directive devrait être transposée au début de l'année prochaine".
Le sujet du Figaro sur les OGM (levée de moratoire, interview de Claudie Haigneré,...) a été inséré dans la "liasse médias" préparée le 27 octobre 2003. Renseignements complémentaires auprès de l'Observatoire "Sciences et Médias" (Direction de l'innovation et de la communication).