L'essentiel : des experts indépendants, nommés par
le gouvernement britannique, ont présenté le 16
octobre le résultat d'études lancées en 1999
sur l'effet environnemental des organismes génétiquement
modifiés (OGM). Les travaux ont été menés
dans plus de 250 champs et avec trois espéces (maïs,
colza, betterave) pour un coût de 5,5 millions de livres
(7,91 millions d'euros). "Globalement, écrit Le Monde,
les études confirment que l'effet sur l'environnement des
cultures transgéniques est réel (...). Au niveau
européen, [elles] vont sans doute conduire à une
nouvelle paralysie du processus d'ouverture de l'Union aux OGM."
Le journaliste Hervé Kempf rapporte même un propos
"officieux" de Bruxelles : "Ces études vont
créer une onde de choc sur les décideurs : le climat
a changé, une levée du moratoire rapide est moins
évidente".
La source : article intitulé "Les études britanniques sur les OGM font reculer la perspective d'une levée du moratoire européen" [avec en complément "Trois questions à... Simon Barber", lequel dirige à Bruxelles l'unité Biotechnologie végétale de l'association d'industriels Europabio], le tout signé Hervé Kempf et publié dans le quotidien Le Monde daté du dimanche 19 octobre 2003, page 6 (rubrique International). Notons que plusieurs autres journaux ont consacré des articles à ce même sujet (voir à la fin de ce Flash médias).
Plus en détail : les études britanniques ont comparé le comportement des plantes transgéniques et non transgéniques. Il en ressort, selon Le Monde, que le colza et la betterave OGM ont un effet important sur la flore et les insectes ; l'impact du maïs serait au contraire positif, mais un débat technique sur l'herbicide utilisé rend difficile l'interprétation du résultat.
Globalement, ces travaux ont jeté le trouble et ont d'autant plus de poids qu'ils s'inscrivent dans une démarche cohérente engagée par le gouvernement anglais, pourtant pro-OGM, mais soucieux de s'informer exactement - et de se concilier une opinion publique méfiante, voire hostile, à l'égard des aliments transgéniques.
A Bruxelles, on remarque par ailleurs, avec satisfaction, que les études scientifiques anglaises vont renforcer la position européenne dans la procédure lancée par les Etats-Unis devant l'Organisation mondiale du commerce (OMC) : il y a maintenant, écrit le journaliste du Monde, des éléments scientifiques solides pour justifier la prodence européenne dans le processus d'autorisation des OGM. Et de rapporter que déjà, lundi, la commissaire à l'environnement, Margrot Wallstrm, avait raidi le ton à l'égard des firmes promouvant les OGM expliquant qu' "elles ont essayé de mentir aux gens et de leur imposer les OGM. (...) Quand elles parlent de nourrir les affamés, pourquoi n'ont-elles pas commencé avec de tels produits ? Nourrir les actionnaires, oui, mais pas les autres."
Autre citation, de David King, le conseiller scientifique du premier ministre britannique, lors d'un récent passage à Paris : "Le gouvernement encourageait fermement, en 1999, les cultures transgéniques parce qu'il est persuadé que la biotechnologie est une source future de richesses pour le pays. Mais aujourd'hui, il est moins évident que les plantes transgéniques créeront de la richesse, tandis que leur non-adoption ne menace pas le reste de notre industrie biotechnologique, qui est trés dynamique."
Conclusion du journaliste Hervé Kempf : "Plusieurs aspects du probléme ne sont pas réglés : d'une part, celui de la coexistence entre cultures transgéniques et cultures non transgéniques, sujet sur lequel les Etats membres ne sont pas d'accord ; d'autre part, celui du taux de contamination admissible par les OGM dans les semences (...). La bataille n'est pas finie, et ne tourne toujours pas à l'avantage des promoteurs des OGM".
NOTEZ-LE AUSSI
Trois autres articles sur le même sujet ont été
publiés dés le vendredi 17 octobre 2003.
- Libération. "Bilan de trois ans d'études
menées sur trois cents champs. Mauvais labour pour les
OGM anglais", article signé Denis Delbecq. Avec un
encadré sur une autre actualité : "Monsanto
délaisse l'Europe".
- Le Figaro. "OGM. Feu vert pour le maïs, pas pour le
colza et la betterave. Certaines plantes transgéniques
sont néfastes pour la flore sauvage", article signé
Marc Mennessier.
- La Tribune. "Une étude britannique fait naÎtre
un doute de plus sur les OGM. Débat relancé sur
les produits transgéniques", article signé
Christophe Canton. Avec, en tête de page, un autre texte
d'actualité : "Monsanto tire un trait sur ses espoirs
d'imposer les OGM à l'Europe".
L'article du Monde a été inséré dans
la "liasse médias" préparée ce
lundi 20 octobre 2003 ; les trois autres textes avaient été
insérés dans celle du vendredi 17 octobre. Renseignements
complémentaires auprés de l'Observatoire "Sciences
et Médias" (Direction de l'innovation et de la communication).