Tel aurait pu être le titre de l'exposé du professeur Manfred Kern, chercheur chez Bayer Crop Science Research Centre. Il a, avec son équipe de chercheurs, analysé des milliers de paramètres, afin d'évaluer de la manière la plus réaliste possible, comment sera notre monde en 2025. Et notre éternité, vingt-deux ans, ce n'est vraiment pas loin!
Il faut avouer que certains chiffres
ou constatations font peur.
- En Chine, 800 millions d'habitants se déplacent
vers les villes, où le pouvoir d'achat et six fois supérieur
que dans les campagnes. Il y aura plusieurs villes de plus de
20 millions d'habitants et de moins en moins d'agriculteurs pour
produire de la nourriture.
- Le Brésil défriche chaque année une
surface équivalente à la Belgique. De plus, les
cultures OGM y ont fait leur apparition et vont fortement s'y
développer.
- En Allemagne, la production alimentaire totale de deux
Länder est nécessaire pour nourrir les animaux de
compagnie. Dans de nombreux pays, leur nombre est en constante
augmentation.
- Dans de nombreuses régions, la croissance de la
population est plus rapide que l'augmentation de la production
alimentaire, ce qui accentuera la famine dans ces régions
si rien n'est entrepris.
- Les régions où les infrastructures sont faibles
seront de plus en plus marginalisées et un exode rural
important en découlera.
- La population et la production de denrées alimentaires
vont doubler, mais pas en parallèle sur chaque continent,
ce qui va accentuer les déséquilibres.
Les échanges internationaux vont de ce fait augmenter.
un rôle central pour
les ogm
L'augmentation de la production
sera possible grâce aux facteurs suivants: augmentation
des surfaces, irrigation, intrants, techniques de travail et biotechnologie.
Il est clair que selon les régions, ces facteurs auront
un poids plus ou moins grand. On voit mal en effet une augmentation
des surfaces en Suisse!
Dans cette problématique, les OGM joueront un rôle
central, selon Manfred Kern. A l'heure actuelle, près de
60 millions d'hectares de cultures OGM sont cultivés dans
les monde, dont environ la moitié aux USA. Les pays à
très gros potentiel de production comme la Chine (coton)
ou le Brésil (soja et maïs) se lancent également
dans la course et cela de manière très forte. Pour
ces pays, les avantages des OGM paraissent indéniables:
diminution des interventions, simplification des techniques de
travail, sécurité de rendement et baisse des coûts
de production. Pour des domaines de plusieurs milliers d'hectares,
la décision est vite prise.
De plus, pour de telles surfaces, la problématique de la
propagation du pollen à quelques centaines de mètres
paraît bien dérisoire.
De plus, les plantes OGM ne sont pas que des plantes résistantes
à certains herbicides. Ce sont également des plantes
capables de synthétiser elles-mêmes des substances
combattant les ravageurs ou synthétisants des substances
pour la médecine, pour combattre certaines maladies (diabète,
mucoviscidose, etc.).
l'europe doit réfléchir
objectivement
On l'a bien compris dans
le débat lancé par le professeur Manfred Kern, il
est temps pour l'Europe de réfléchir objectivement
à la problématique des OGM et de ne pas tout rejeter
en bloc par la peur. Il ne faut pas non plus tout accepter et
ne pas mettre de garde-fou. Un sujet si important ne doit pas
sombrer dans l'irrationnel et l'émotionnel uniquement.
Le moratoire européen va bientôt être levé.
Qu'en sera-t-il en Suisse? Peut-être qu'après la
période d'élections que nous vivons actuellement,
les politiciens se mouilleront un peu plus. Ce qui est sûr,
c'est que nous devons y réfléchir et opérer
des choix. Mais n'oublions pas qu'il faudra aussi se donner les
moyens de nos choix!
G. G.