AGRi ­ Hebdo professionnel agricole de Suisse Romande
Pas d'avenir sans OGM

28/10/2003

 

Tel aurait pu être le titre de l'exposé du professeur Manfred Kern, chercheur chez Bayer Crop Science Research Centre. Il a, avec son équipe de chercheurs, analysé des milliers de paramètres, afin d'évaluer de la manière la plus réaliste possible, comment sera notre monde en 2025. Et notre éternité, vingt-deux ans, ce n'est vraiment pas loin!

Il faut avouer que certains chiffres ou constatations font peur.
- En Chine, 800 millions d'habitants se déplacent vers les villes, où le pouvoir d'achat et six fois supérieur que dans les campagnes. Il y aura plusieurs villes de plus de 20 millions d'habitants et de moins en moins d'agriculteurs pour produire de la nourriture.
- Le Brésil défriche chaque année une surface équivalente à la Belgique. De plus, les cultures OGM y ont fait leur apparition et vont fortement s'y développer.
- En Allemagne, la production alimentaire totale de deux Länder est nécessaire pour nourrir les animaux de compagnie. Dans de nombreux pays, leur nombre est en constante augmentation.
- Dans de nombreuses régions, la croissance de la population est plus rapide que l'augmentation de la production alimentaire, ce qui accentuera la famine dans ces régions si rien n'est entrepris.
- Les régions où les infrastructures sont faibles seront de plus en plus marginalisées et un exode rural important en découlera.
- La population et la production de denrées alimentaires vont doubler, mais pas en parallèle sur chaque continent, ce qui va accentuer   les déséquilibres. Les échanges internationaux vont de ce fait augmenter.

un rôle central  pour les ogm
L'augmentation de la production sera possible grâce aux facteurs suivants: augmentation des surfaces, irrigation, intrants, techniques de travail et biotechnologie. Il est clair que selon les régions, ces facteurs auront un poids plus ou moins grand. On voit mal en effet une augmentation des surfaces en Suisse!
Dans cette problématique, les OGM joueront un rôle central, selon Manfred Kern. A l'heure actuelle, près de 60 millions d'hectares de cultures OGM sont cultivés dans les monde, dont environ la moitié aux USA. Les pays à très gros potentiel de production comme la Chine (coton) ou le Brésil (soja et maïs) se lancent également dans la course et cela de manière très forte. Pour ces pays, les avantages des OGM paraissent indéniables: diminution des interventions, simplification des techniques de travail, sécurité de rendement et baisse des coûts de production. Pour des domaines de plusieurs milliers d'hectares, la décision est vite prise.
De plus, pour de telles surfaces, la problématique de la propagation du pollen à quelques centaines de mètres paraît bien dérisoire.
De plus, les plantes OGM ne sont pas que des plantes résistantes à certains herbicides. Ce sont également des plantes capables de synthétiser elles-mêmes des substances combattant les ravageurs ou synthétisants des substances pour la médecine, pour combattre certaines maladies (diabète, mucoviscidose, etc.).

l'europe doit  réfléchir objectivement
On l'a bien compris dans le débat lancé par le professeur Manfred Kern, il est temps pour l'Europe de réfléchir objectivement à la problématique des OGM et de ne pas tout rejeter en bloc par la peur. Il ne faut pas non plus tout accepter et ne pas mettre de garde-fou. Un sujet si important ne doit pas sombrer dans l'irrationnel et l'émotionnel uniquement.
Le moratoire européen va bientôt être levé. Qu'en sera-t-il en Suisse? Peut-être qu'après la période d'élections que nous vivons actuellement, les politiciens se mouilleront un peu plus. Ce qui est sûr, c'est que nous devons y réfléchir et opérer des choix. Mais n'oublions pas qu'il faudra aussi se donner les moyens de nos choix!

G. G.