MILLANCAY (Loir-et-Cher), 27 sept (AFP) - Les OGM ont été vivement dénoncés à l'occasion des "Entretiens de Millançay", un colloque qui rassemble chaque année depuis 12 ans scientifiques, écologistes et adeptes de l'agriculture biologique dans cette petite commune du Loir-et-Cher.
Organisés dans un cadre champêtre par l'association "L'intelligence verte", qui prône la biodiversité et la sauvegarde du patrimoine génétique, ces entretiens ont été jeudi et vendredi l'occasion de tirer une nouvelle fois la sonnette d'alarme au moment où le moratoire européen sur les OGM (organismes génétiquement modifiés) pourrait être levé.
"Le dossier des OGM c'est celui qui cristallise tout ce que je dénonce dans la science qui n'est en fait que de la techno-science: le poids de l'industrie, la tromperie des experts, la partialité de certains hommes politiques achetés et l'idéologie scientiste qui maintient l'ensemble" a déclaré à l'AFP Jacques Testart, directeur de recherches à l'INSERM.
"Les OGM ne servent à rien, ils ne permettent même pas de produire plus, il est donc inutile de prendre des risques", a ajouté le biologiste, surtout connu pour être le "père scientifique" du premier bébé éprouvette en France (en 1982) mais qui a aussi participé à diverses commissions sur les OGM depuis une dizaine d'années.
Selon lui, il y a 60 millions d'hectares de cultures transgéniques dans le monde sur un total de 700 millions de terres cultivées, notamment aux Etats-Unis, en Argentine et en Chine. Il a indiqué se rendre prochainement au Brésil, un pays clé qui risque de "basculer" vers les OGM, redoute-t-il.
Pour François Veillerette, spécialiste des pesticides, président de l'association écologiste MDRGF (Mouvement pour les droits et le respect des générations futures) et du conseil d'administration de Greenpeace-France, les essais OGM en plein champ présentent un danger redoutable pour l'agriculture biologique.
"L'agriculture OGM est hégémonique car elle pollue toutes les autres cultures et une fois en place elle met les agriculteurs complètement à la merci des grands groupes, il ne peut plus y avoir d'alternative", a-t-il dit à l'AFP.
Selon lui l'agriculture biologique présente non seulement des avantages pour l'environnement mais aussi sur le plan financier pour les agriculteurs qui peuvent améliorer leur résultat d'exploitation par des économies d'engrais et d'énergie. "Il faut 300 calories énergétiques pour produire 100 calories alimentaires par l'agriculture conventionnelle et seulement 5 par le bio", a-t-il indiqué, citant une étude américaine.
M. Veillerette a aussi dénoncé le fait que 80 pesticides considérés (en 2001) comme possiblement, probablement ou certainement cancérigènes soient encore utilisés.
Le professeur Dominique Belpomme, qui participe au plan français anti-cancer a affirmé que les efforts curatifs ne seront pas suffisants car la principale cause des cancers est "la pollution de notre environnement". "Il y a 150.000 morts du cancer par an, il n'y en avait que 60.000 avant la guerre", a-t-il dit.
Source : © AFP