Les agriculteurs français ne devraient pas se ruer sur
les OGM en dépit de la prochaine levée du "moratoire
de fait" de l'Union européenne sur les produits transgéniques,
les associations de consommateurs restant méfiantes à
l'égard des organismes génétiquement modifiés.
"Cela ne change pas grand chose. Les agriculteurs français
ne vont pas se précipiter à cultiver des produits
OGM si les consommateurs français n'en veulent pas",
a déclaré à l'AFP Guy Vasseur, président
de la commission environnement de l'APCA (Assemblée Permanente
des Chambres d'Agriculture).
"Les agriculteurs poursuivront leur propre +moratoire+ concernant les produits OGM pour être complétement en phase avec les consommateurs qui sont leurs clients", souligne Didier Marteau, vice-président de la FNSEA, le principal syndicat agricole français, en charge de la qualité et de la sécurité alimentaire. La FNSEA affirme toutefois être en faveur de la poursuite des recherches sur les OGM, notamment en "plein champ", sans que celles-ci soient victimes d'actes de vandalisme. "On ne verra pas une explosion des cultures OGM au plan national et au plan communautaire avant au moins cinq ans car il n'existe pas pour le moment de demande pour ces produits", confirme pour sa part un expert sous couvert de l'anonymat.
Actuellement seulement 10 hectares de maïs OGM, varieté autorisée avant le "moratoire" de 1999, sont cultivés dans un but commercial en France, indique-t-on au ministére de l'Agriculture. La Confédération paysanne, un des syndicats agricoles dont le principal porte-parole José Bové a été en prison l'été dernier pour destruction de plants transgéniques, estime que les réglementations adoptées sont "incomplétes". "En effet ces réglementations ne concernent pas des productions issues d'animaux nourris avec des aliments OGM comme la viande, le lait ou les oeufs", souligne Oliver Clément, animateur du dossier OGM à la Confédération Paysanne.
Même avec les conditions concernant l'étiquetage, "pas question de lever le moratoire sans modifier les critéres d'autorisations des nouveaux OGM", a protesté l'association de consommateurs CLCV (Confédération de la consommation, du logement et du cadre de vie). "Nous réclamons comme critére la sécurité sanitaire à long terme, l'absence de probléme pour l'environnement et une utilité pour le consommateur", a déclaré Olivier Andrault, directeur scientifique de la CLCV. "En pratique, les consommateurs n'en veulent pas et les fabricants, l'ayant compris, n'en mettent pas mis dans leurs produits", affirme-t-il.
De son côté, l'UFC-Que Choisir déclare
s'opposer à cette levée du moratoire "tant
que les consommateurs n'auront pas de garanties sur le maintien
des prix non OGM et sur la mise en place d'un régime de
responsabilité spécifique". La prochaine étape
du débat sur les OGM va être, normalement le 27 octobre
à Bruxelles, la fixation du "taux de contamination
fortuite" permise des semences classiques par les semences
OGM. "Nous voulons que les semences conventionnelles et biologiques
soient exemptes de contamination. En cas de contamination (par
les semences OGM) nous exigeons qu'il y ait une indemnisation
rapide et immédiate par un fonds spécifique ou des
assurances contractées par les opérateurs de la
filiére OGM", réclame Vincent Perrot, délégué
général de la Fédération Nationale
de l'Agriculture Biologique (FNAB).
Source : © AFP