Les experts des Quinze ont rejeté lundi la demande de mise sur le marché du maïs transgénique BT 11, renvoyant aux ministres européens la responsabilité de lever au non le moratoire de fait sur les nouveaux OGM observé depuis 1999, a annoncé la Commission européenne.
« Il n'y a pas eu de majorité qualifiée pour autoriser la mise sur le marché du BT 11», a déclaré Beate Gminder, porte-parole du commissaire européen à la Santé David Byrne. Seuls six pays (Espagne, Irlande, Royaume Uni, Pays-Bas, Suède et Finlande) se sont prononcés en faveur de l'autorisation du BT 11, lors de la réunion du Comité permanent de la sécurité alimentaire de l'union européenne qui a duré une heure lundi matin, a indiqué Mme Gminder. Trois autres pays, l'Allemagne, la Belgique et l'Italie, qui préside actuellement l'UE, se sont abstenus etles six derniers (France, Autriche, Luxembourg, Danemark, Portugal et Grèce) ont voté contre, a précisé la porte-parole.
Un feu vert à la mise sur 1e marché du BT 11 aurait
signifié la levée du moratoire de fait observé
par l'UE depuis 1999 sur les autorisations, et donc 1?importation
de nouveaux organismes génétiquement modifiés.
La décision va désormais être renvoyée
aux ministres européens, qui disposeront de trois mois
pour se prononcer à leur tour, faute de quoi le dossier
serait laissé entre les mains de la Commission. Selon Mme
Gminder, un vote ministériel pourrait intervenir dès
janvier, sous présidence irlandaise.
Le moratoire européen sur les nouveaux OGM est au coeur
d'une intense bataille entre l'UE et les Etats-Unis qui, avec
plusieurs autres pays, ont engagé cet été
une action devant l'Organisation mondiale du commerce (OMC) pour
obtenir sa condamnation. La Commission européenne, qui
était ouvertement favorable â la levée du
moratoire, a réagi avec une prudence extrême lundi
au vote négatif des experts des Quinze. «On s'y attendait»,
a laconiquement commenté la porte-parole du commissaire
Byrne.
La semaine passée, M. Byrne avait estimé que
les pays de l'UE ne pouvaient utiliser le « principe de
précaution», pierre angulaire de leur politique alimentaire
depuis la crise de la vache folle, comme «couverture politique»
pour justifier une prorogation du moratoire européen sur
les nouveaux OGM.
Le verdict des experts a en revanche été salué
par les écologistes des Amis de la Terre comme «une
victoire pour la sécurité du public et le bon sens».
«La commission européenne a maintenant l'opportunité
de revoir sa position. Le public ne veut pas manger d'OGM et un
point d'interrogation subsiste sur leur innocuité »,
a déclaré un porte-parole de l'organisation, Geert
Ritsema. «La Commission doit faire passer le bien-être
des citoyens européens et l'environnement avant les intérêts
commerciaux du gouvernement américain et de l'industrie
des bio-technologies», a-t-il ajouté dans un communiqué.
Source : © AFP